La BD Américaine 01 : les Comics

Publié le par Médiathèque de Soultz

Quand on parle de BD américaine, on pense évidemment à la BD des Etats Unis, mais à partir des années 1970-80, le terme recouvre aussi la BD anglaise et canadienne.


La BD de presse

Durant près de 40 ans la BD reste dans la presse. Pourquoi le terme « Comics » ou « Funnies » ? car ces dessins de presse avaient plutôt une vocation à être drôles et amusants.

La BD apparaît tout d’abord dans les suppléments du dimanche. Se sont des BD en couleur, pleine page, surtout humoristiques, avec des gags.
« The Katzenjammer kids » par Rudolf Dirks 1897, « Happy Hooligan », « Buster Brown », « Little Nemo »

Dans les années 1900 on fait des essais de BD dans la presse quotidienne, en noir et blanc
« A. Mutt » 1907-1983, « Briging up the father » 1913, « Krazy Kat » 1914-44

Les BD prennent un format en bande (strips).

En général il y a une bande sous forme de strips en semaine et une page le dimanche


Les Syndicates :

Dès les années 1860 des « syndicates » fournissent mots croisés et autres matériels pour les journaux. Mais ils se développent surtout à partir du début des années 1910.
Très rapidement les auteurs de BD traitent directement avec les syndicates plutôt qu’avec les journaux (encore actuellement)


Les Tendances des strips

1900 : les enfants (qui font des bêtises)

1910 : comédies familiales

1920 : comique mais avec un peu d’aventure
« Wash Tubb » 1924, « Little Orphan Annie » 1924, « Thimble Theater » (= Popeye)

BD-US-tarzan.jpg1930 : aventure réaliste
« Tarzan » 1929, « Buck Rodgers » (SF, d’après une nouvelle), « Flash  Gordon », « Terry et les pirates » (1934)
d’abord inspirés de la littérature populaire (les « Pulps ») puis il y aura des créations originales pour la BD. La mode est au pulps avec des personnages.

Fin 1930 : « Comic Book » : la BD sort des journaux pour être publiée dans des fascicules.
Mais la BD sérieuse, où l’on peut se fait un nom et gagner de l’argent reste la BD de presse.

1940 : peu marquant

BD-US-pogo.jpgFin 1940 : la tendance n’est pas au « beau » dessin, mais au dessin simplifié, au graphisme minimaliste. Cela est vrai également dans le dessin animé. Disney influence le monde entier.
Ex : « Pogo » 1948), « Peanuts » (=Snoopy) 1950-2000,

1950 : Soap opéra
« Juliet Jones », « On stage » (1957-1979)
on n’est plus dans la grande aventure, les histoires sont plus réalistes, ancrées aux Etats Unis

Après la guerre, la place faite aux BD se réduit pour au profit de la pub.
Les BD les plus simples s’en tirent le mieux car elle ont besoin de peu de place pour être lisibles (ex « Peanuts »).
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A partir des années 1960 : il n’y a plus de tendances dominantes dans les strips, Même si ponctuellement un strip sort du lot.
« Doonesbury » 1970, « Cathy » 1976, « Garfield » 1978, « Calvin et Hobbes » 1985, « Dilbert »

2000 : comics strips sur Internet
« Achewood », « PVP » ( Player vs Player)


Le Comic Book
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C’est une publication, où, pour la première fois il n’y a que de la BD, et qui est vendue régulièrement.
Au début des années 1930, c’est un pur produit dérivé du strip de presse (on réutilise les bandes des journaux). Un petit format, vendu en kiosque. Il va très bien se vendre.

A partir de 1938, cela devient un style à part entière avec l’apparition de « Superman » dans « Action Comics ». Au départ prévu pour la presse, « Superman » est refusé par les syndicates, lorsqu’il sort en comics, les ventes explosent en quelques mois. Le numéro 1 est vendu à 900 000 exemplaires.


Les modes

Le comic book est encore plus dépendant des modes car il est surtout lu par les enfants et les adolescents.
Le phénomène des super héros costumés explose. (« Batman » 1939)

Dès 1942 apparaissent de nouvelles modes :

> « Archie » (1939) les aventures comiques d’un adolescent (la série existe toujours)
> BD humoristique  dans un style « Funny Animal » on fait des version en BD de dessins animés (MGM, Disney, Warner)
> les histoires criminelles, la mode dure entre 1946-49. « Crime does not pay »
> Certains genres (comme les super héros) s’adaptent pour faire face à ces effets de mode (les crimes apparaissent par exemple dans les comics de super héros)BD-US-crypt.jpg
> 1947-49 : apparaissent les « good girls » dans les comics : des femmes plantureuses
> Western : il n’y a pas de période précise pour cette mode, elle gagne progressivement du terrain après-la guerre et a profité des adaptations radiophoniques ou pour la télévision.
> 1947 : Romance, énorme engouement dans les années 1949-50
> horreur : années 1950, « Tales from the crypt »
> BD de guerre : années 1950, la mode apparaît au moment de la guerre de Corée (1950-53)
ce n’est pas de la guerre héroïque, on y montre son côté horrible, la mort….
> adaptations littéraires « Classics illustrated »
> parodies « MAD »

Ces modes durent dans des cycles de 3 à 5 ans, ensuite, une sélection naturelle se fait et seuls les meilleurs titres restent


Le Comics Code
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Dès 1948 s’organisent des campagnes d’opinion contre les comics books car ils sont lus par les enfants (en Europe aussi, en France cela débouchera sur la loi 1949 pour les publications jeunesse)
En 1954 le livre « Seduction of innocent » de Frederic Wertham, M.D. associe comics et délinquance juvénile
Les éditeurs créent un organisme d’auto-régulation le « Comics code »


Les Super Héros

Les comics book sont souvent confondus avec le super héros .
Un comics books est un fascicule de BD.
Mais la naissance de ce support se confond presque avec la naissance du nouveau genre « super héros ».
C’est la première apparition de « Superman » dans le n°1 d’« Action Comics » en 1938 qui est le déclencheur. Le personnage va servir de modèle à tous les autres super héros


Définition du super héros :
> un personnage avec des capacités surhumaines
> un costume (une identité visuelle)
> une double identité

en 1939, Superman sort sous son propre titre et se vend très bien, les éditeurs sont obligés de faire un retirage !
1939, tous les éditeurs se mettent donc à faire du super héros : des centaines sont lancés, mais il faut un concept original pour sortir du lot :

BD-US-batman-1.jpg> Batman :
Les raison de son succès :
- une psychologie poussée
- Robin : le partenaire qui apparaît en 1940
- les gadgets, véhicules
- des adversaires mémorables (le Joker, Catwoman, le Pingouin..)

> origine magique :
« Captain Marvel » 1940, « Doctor Faith » (années 1940), le « Spectre », « Green Lantern »

le problème avec la magie est que le scénario devient parfois prévisible, le mieux est alors de se spécialiser :
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> les éléments :
- le feu : « La Torche Humaine »
- l’eau : « Submariner »
- l’air : le vol est une pouvoir banal pour des super héros (« Hawkman »)

> les propriétés :
- la vitesse : « Flash » :
- la force : « The Atom »
- la ductilité : « Plasticman » peut prendre n’importe quelle forme
- petitesse : « Dollman » peut réduire sa taille

> l’incarnation d’un concept :
- patriotisme : « Captain America »
- féminité : « Wonder Woman » (aussi concept patriotique)


1932-42 est l’âge d’or des super héros
ils sont créés alors que les Etats Unis n’étaient pas encore entrés en guerre…


BD-US-justice-ligue.jpgThe Justice Society of America

Une idée commerciale fait son chemin : les supers héros qui ont beaucoup de succès ont droit à des aventures dans un mensuel et un journal portent leur nom. Mais tous n’ont pas ces faveurs… Se créé alors « The Justice Society of America » qui regroupe plusieurs de ces supers héros à la notoriété plus faible (Wonder Woman, Green Lantern, Flash…). Lorsqu’ils acquièrent leur propre journal, ils quittent la Ligue pour laisser la place à de nouveaux héros.


Le déclin des Supers Héros

Fin des années 1940, l’explosion de héros est finie, la plupart ont disparut. Seuls restent les plus populaires, ceux aux concepts forts : Superman, Plastic Man, Batman, Wonder Woman, Captain Marvel…

Dans les années 1950 il reste peu de supers héros, cela n’est plus original. Les comics books cherchent d’autres concepts, car le genre paraît enfantin face à l’horreur, la romance, etc.

La télévision concurrence les comics book, mais leur fait aussi de la pub avec les séries (Superman…).


Le renouveau grâce à la science

Vers la fin des années 1950 commence chez DC Comics un renouveau du genre super héros, de nouvelles version des héros sont données…

Il y a ainsi toute une nouvelle vague de supers héros dont les pouvoirs proviennent d’une explication « scientifique » (la mode est à la radiation, par le rayonnement cosmique, la radioactivité…, surtout chez Marvel).

Pour expliquer ce que sont devenus les anciens supers héros, c’est très simple : ils existent toujours, mais dans une dimension parallèle.
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La « Justice League of America » remplace la « Justice Society of America ».

Super pouvoirs liés à la science :
« The Challengers of the Unknow » 1958, « The Fantastic Four », « Hulk » (1962), « Spiderman » (1962), « The X-Men » (1963), « Daredevil » (1964)

Quelques personnages se fabriquent eux-mêmes leurs supers pouvoirs  :
« Ant-Man », « Iron Man »

Certains personnages sont tout de même liés à la magie :
« Thor », « Doctor strange »

Les équipes marchent très bien :
« The Avengers » (avec des personnages existants : Hulk, Iron Man, Antman, Captain America …), « Doom Patrol »

Les héros de Marvel sont souvent plus humains avec des blessures physiques ou psychologiques (Thor, Iron Man, Spiderman …)


Les années 1960 voient un nouvel engouement pour les supers héros, surtout les années 1964-65.
La mode culmine avec la série télé « Batman » où l’humour est très présent. C’est un succès mondial.
L’accent est mis sur une nouvelle idée : le super héros passe son temps à combattre son alter ego un super méchant.


La vente directe

Avec les années 1960, arrive un nouveau phénomène : celui des fans. Ils créent des fanzines, se réunissent en conventions et se déguisent même en leurs héros favoris… Par contre ils ont du mal à se procurer leurs comics, la distribution se faisant parfois de manière aléatoire.

C’est avec les années 1970 que se développe la vente directe (Direct sales). Phil Seuling organise des conventions de fans et va demander aux éditeurs s’ils ne voudraient pas vendre leurs directement les comics via des librairies spécialisées en BD. La proposition est intéressante pour les maisons d’éditions car elle représente des ventes fermes, c’est-à-dire sans retours.


De nouvelles modes
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De nouveaux auteurs apparaissent dans les années 1960-70, ainsi que de nouvelles modes.
> des héros noirs : « Luke Cage ».
> des super héroïnes : « Black Widow »
> plus de violence : « The Punisher ».
> l’horreur : « Dracula », « Frankenstein », « Ghost Rider », « The son of  Satan »
> kung-fu : « Master of Kung-Fu », « Iron Fist »
> l’heroïc fantasy : (années 1970) « Conan »

L’univers des éditeurs s’enrichissent de toutes ces tendances. A l’univers des supers héros se mélange de l’horreur, du kung-fu…
« Daredevil » par Frank Miller fait beaucoup référence aux films de sabre (création de Elektra)
« X-Men » : avec des apparitions de Dracula

La série « X-Men » qui s ‘était arrêtée vers 1970 est relancée en 1975 avec une nouvelle équipe. Elle devient un best-seller de Marvel. Est lancé alors une série spin-off : « The New Mutans ». Les série avec des mutans se multiplent chez Marvel.

C’est le triomphe de la méthode Marvel et des réseaux de distribution spécialisés.

DC Cosmics doit ressembler à Marvel pour survire. En 1980 est créé « The New Teen Titans » une série avec une équipe, C’est un très gros succès. Les deux gros succès des années 1980 concernent donc deux séries avec des équipes.
La refonte de l’univers fictionnel de DC Comics est expliqué dans « Crisis ». La multitude des univers est aggloméré en un seul (avec Batman, Superman, Flash…).


Edition indépendante

BD-US-tortues.jpg> Eastman et Laird lancent à compte d’auteur la série « Teenage Mutan Ninja Turtles » (= les Tortues Ninja). La série est publiée en petit tirage, en noir et blanc. Elle connaît un petit succès, surtout auprès des collectionneurs. Mais surtout, elle va devenir célèbre grâce à la série télé, aux jouets et autres séries BD
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> « Watchmen » de Allan Moore et Dave Gibbons connaît un très gros succès

> « Batman the Dark Knight » de Frank Miller : l’univers est plus méchant et violent. C’est le début du héros « Grim and Guitty » (sinistre et qui a du cran, qui s’accroche conte tes difficultés)

Fin des années 1980 et débuts des années 1990 le Super Héros domine le marché du comic book

1993, le marché s’écroule à nouveau et ne s’en est pas encore remis complètement.
Depuis les années 1980 il n’y a rien eut de vraiment innovant. Les trois concepts de base (costume, pouvoir, identité secrète) qui bien repensés ont permis un renouveau n’ont plus changé.

 

 

Compte-rendu du Stage MDP Colmar
avec Jean-Paul JENNEQUIN

 

La BD Américaine 02 : de l'underground au graphic novel

 

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S
Parmi toutes ces listes ! Hulk, X-Men et Ghost Rider ont été mes histoires favorites ! Et j’avoue même qu’il m’arrive de les relire encore…
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